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15/12/2009

(UK) Spooks (MI-5), series 8, épisode 7

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Avec ce septième et avant-dernier épisode, Spooks nous livre un épisode aux bases toujours chancelantes concernant le vaste complot mondial qui se précise, mais d'une efficacité redoutable, alliée à une force émotionnelle rare, en ce qui concerne l'intrigue du jour. Si bien qu'en occultant ces faiblesses devenues structurelles en cette saison 8, j'ai vraiment passé un très bon moment devant cet épisode.

L'histoire du jour se concentre sur la préparation d'une attaque anti-musulmane par une cellule isolée de "nationalistes" hindous, dont le MI-5 ignorait jusqu'à l'existence, avant que le responsable des services secrets pakistanais ne les en informe, au dernier moment, après avoir perdu son agent principal qui assurait la surveillance de ce groupe. Derrière la couverture d'une équipe de football, un homme, Dhillon, a rassemblé autour de lui quelques jeunes qu'il entraîne dans son désir de vengeance contre cette communauté religieuse. C'est l'agression de sa fille, quelques mois plus tôt, qui a déclenché cette poussée de haine, jusqu'à envisager la réalisation d'un projet d'attaque ; même si ceux qui tirent réellement les ficelles rend le tableau d'ensemble bien plus complexe, que pensé initialement. Les Pakistanais doivent leurs renseignements à un jeune homme de 17 ans, Ashok, musulman, mais ayant un nom hindou, qui a découvert cette cellule, par hasard, par le football. Pressé par le temps, le MI-5 va se retrouver forcé d'exploiter cette seule source d'informations.

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C'est dans la gestion de cette storyline que l'épisode va se révéler passionnant et diablement bien mené. Contraint de réagir dans la précipitation, le MI-5 ne peut dépendre que d'Ashok. Or, voici un jeune homme, tout juste sorti de l'adolescence, propulsé dans le monde de l'espionnage, devant continuer une mission d'infiltration périlleuse, où il risque sa vie s'il venait à être découvert. L'acteur incarnant Ashok parvient vraiment à laisser transparaître le conflit et les craintes qui l'assaillent. Effrayé, mais toujours solide, il se révèle très impressionnant ; et le téléspectateur s'implique immédiatement dans son histoire, craignant réellement pour sa vie (les habitudes sacrificielles de Spooks étant bien connues).

A côté de cette intensité émotionnelle, la froideur de Lucas offre un contraste saisissant. Il faut avouer que les deux agents de terrain phare du MI-5, Ros et Lucas, atteignent actuellement des sommets en terme de détachement, fonctionnant dans un système où la fin justifie les moyens, et où le raisonnement quantitatif (de victimes potentielles) l'emporte sur toutes considérations pseudo-morales ou bien pensantes. Heureusement, ce bannissement de tout sentiment n'a pas encore affecté tout le personnel de la section D. Ruth exprime encore ses doutes et n'hésite pas à se faire le porte-parole du téléspectateur, en apportant une vision plus humaine. De plus, c'est aussi l'occasion d'utiliser, dans ce registre, Tarik, seul agent à n'avoir pas encore perdu cette innocence des débuts. Je chéris sans doute plus que de raison ces quelques instants d'humanité, mais c'est une touche qui n'a jamais été absente de Spooks, en dépit des épreuves. Je ne veux pas que tous les personnages se coupent définitivement de ces préoccupations instinctives qui sont aussi une part d'eux-mêmes.
 
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Si l'intrigue du jour se révèle très riche émotionnellement, les références au complot mondial sont, elles, une nouvelle fois, amenées avec quelques grosses ficelles (cf. la clé usb de Sarah), peinant à crédibiliser le toutélié tenté par les scénaristes. C'est une constance de la saison qu'il est sans doute inutile de répéter ; mais, la volonté de distiller des éléments d'une trame globale tout au long des différents épisodes aura quelque peu affaibli cette intrigue, qui, jusqu'à présent, a très peu versé dans la subtilité et n'a jamais manqué d'utiliser des facilités de scénario à l'opportunité discutable. Cependant, cela n'était pas trop gênant dans ce septième épisode, car il permettait de classer ce problème dans un coin de sa tête et d'apprécier pleinement l'épisode sans arrière-pensée, pour passer un très bon moment.
 
Il reste que les dernières pièces se sont mises en place pour un final qui s'annonce explosif. Parmi les signes inquiétants, outre ces attaques coordonnées, l'arrivée du nouveau Home Secretary fait lever un sourcil suspicieux aux téléspectateurs paranoïaques (et, logiquement, à Harry). Il faut dire que le sériephile le regardera instinctivement avec méfiance : il est joué par Tobias Menzies (qui incarnait Brutus, dans Rome). Certes, Spooks a l'habitude de prendre à contre-pied nos attentes et je ne me risquerais pas au moindre pronostic, mais cela m'a paru comme un petit clin d'oeil sur le moment.
 
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Bilan : Épisode très prenant, construit d'une main de maître en dosant parfaitement action et émotionnel, il s'agit d'un des épisodes les plus solides de la saison concernant l'intrigue du jour. Du côté du complot mondial, l'imminence du péril se fait plus grande que jamais, même si l'ensemble est toujours amené de façon assez maladroite. Le final sera probablement éprouvant. Rendez-vous le 23 décembre.

NOTE : 9/10

10/12/2009

(UK) Spooks (MI-5), series 8, épisode 6

Un nouvel épisode de Spooks qui s'inscrit dans la droite ligne de cette saison 8 ; efficace, sans que le lien unissant les storylines paraisse suffisamment convaincant, laissant quelque peu les téléspectateurs sur leur faim. A nouveau, la grande trame globale autour de la réunion de Bâle est mêlée à une intrigue du jour financière qui se situe bien dans l'air du temps.

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En effet, la série prend une résonnance très actuelle, cette fois-ci, en nous plongeant dans les arcanes du système bancaire. L'Angleterre se trouve en effet sous la menace de faire faillite, incapable de rembourser sa dette nationale, à moins qu'elle ne récupère des liquidités très rapidement. Pour cela, elle compte se servir d'un ancien employé d'une banque très importante, qui a dérobé les coordonnées et informations bancaires de clients "suspects". Mais de nombreuses personnes ont intérêt à le faire taire ; l'apprenti escroc se retrouve propulsé au coeur d'une course-poursuite, où tueurs à gage et MI-5 le recherchent activement. Cette storyline permet d'explorer superficiellement les états d'âme de Ros, toujours marquée par la mort de Jo. C'est un traitement en surface, car l'épisode ne se pose jamais vraiment, n'offrant pas de réelles scènes d'introspection. Cependant, une chose est sûre, Ros va mal : effrayer le dirigeant de la banque en allant jusqu'à le pendre à moitié pour qu'il avoue ses malversations et le rôle de sa société dans les évènements, cela ne figure pas les manuels de méthodes légales du MI-5. Voilà qui n'augure rien de bon pour la suite.

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Parallèlement, la conspiration pour changer l'ordre mondial prend peu à peu son importance, à mesure que la fin de saison se rapproche. Le MI-5 découvre progressivement toute l'étendue de l'implication de Sarah ; et, grâce à l'enquête financière, met à jour l'existence d'un ancien compte de la CIA, approvisionné de façon très conséquente, dont l'agent de la CIA est la responsable. Un compte prévu pour soutenir les actions de ceux qui étaient présents à la désormais fameuse réunion de Bâle. Encore une fois dans cette saison, Spooks refuse de rester dans l'expectative et préfère brusquer l'avancée des évènements : ainsi Lucas est-il autorisé à aller parler à Sarah pour essayer d'obtenir des renseignements et cerner ses motivations. La confrontation se termine quelque peu en queue de poisson, nous laissant avec une certaine frustration. Cela va très vite, trop vite..., et le téléspectateur conserve l'impression d'un certain manque d'homogénéité récurrent dans la gestion des intrigues.

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Dans la même optique, l'épisode propose un traitement des personnages où le manque de personnel au MI-5 se fait sentir. Tout en se concentrant sur Ros, et la façon dont elle tourne cette enquête en une affaire personnelle, l'épisode est aussi l'occasion de nous introduire aux talents de hacker de Tariq, en le mettant un peu plus en lumière. Ce nouveau venu, depuis deux épisodes, s'est bien intégré dans la dynamique d'ensemble de l'équipe ; une recrue donc efficace. Mais c'est un allié hors du MI-5 que le service perd en la personne du Home Secretary. S'ils peuvent sauver l'économie britannique, ils ne vont rien pouvoir faire contre la publication de photos compromettantes, a priori probablement trafiquées, qui présentent le ministre aux côtés de membres de la mafia, à laquelle s'ajoute la découverte d'un compte approvisionné à millions dans la banque qui concentre leurs efforts du jour. Le Home Secretary se voit contraint de démissionner. Mais dans la perspective de la conspiration de Bâle, ce départ entraîne une toute autre conséquence : le ministre était celui qui avait informé Harry de cette réunion. Dans le cadre de cette enquête officieuse, il était, somme toute, le seul allié d'un MI-5 qui se retrouve soudain très isolé, ne pouvant compter que sur ses seules ressources et ne sachant à qui accorder sa confiance. Tout dépendra probablement de son remplaçant, mais cet Home Secretary fut un des rares politiciens à avoir gagné l'estime de Harry.

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Bilan : Le puzzle de l'intrigue de conspiration mondiale se complète peu peu, dans un épisode plaisant à suivre, mais qui nous laisse un léger goût d'inachevé, avec l'impression que ses intrigues auraient pu être mieux exploitées. Il reste que si le MI-5 saisit mieux l'étendue du complot, ils ont perdu tout effet de surprise et se retrouve très isolé en Angleterre même, où leur seul appui extérieur a dû quitter son poste. La confrontation s'annonce d'autant plus dure.


NOTE : 7/10

03/12/2009

(UK) Wire in the blood (La fureur dans le sang) : entrez dans la tête d'un serial killer


ITV
est généralement une chaîne associée à une qualité de fictions souvent en dents de scie, se côtoient du bon (classiquement Prime Suspect, actuellement The Fixer...) et du moins bons (Demons...), avec beaucoup de productions oscillant dans la zone grise entre les deux. Cependant, un certain nombre de ses fictions sont parvenues à me fidéliser à cette chaîne. Parmi lesquelles figure La Fureur dans le sang (Wire in the blood), proposée par Canal + en France. Certes, je considère que sa qualité a quelque peu baissé à partir de la saison 4 et, étrangement, la série ne s'est jamais pleinement remise du départ de Hermione Norris, même si elle a continué d'offrir des saisons relativement solides dans l'ensemble, dont il est difficile de décrocher. Il reste que Wire in the blood, adaptation des romans de l'écrivaine écossaise Val McDermid, reste un vrai classique du traitement des serial killer par le petit écran qui mérite vraiment le détour. La série comprend 6 saisons, diffusées de 2002 à 2008.

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Wire in the blood est une série policière, mettant en scène le Docteur Tony Hill (Robson Green), psychologue réputé spécialisé dans les pathologies des tueurs en séries. Il est amené à collaborer avec la police sur les enquêtes de crimes particulièrement violents ou potentiellement en série, dans un rôle proche de ce que l'on qualifierait de profiler aux Etats-Unis. Il essaye en effet de dresser le profil psychologique et les caractéristiques (sexe, âge, background social, etc...) du criminel recherché, à partir de l'analyse des victimes, du lieu des meurtres et de leurs mises en scène. La collaboration avec la police ne se passe pas toujours bien, leurs méthodes, comme leurs approches, divergeant très souvent ; mais Tony noue cependant une relation particulière avec celle qui dirige l'unité d'enquête de la police, Carole Jordan (Hermione Norris). Après le départ de cette dernière, Alex Fielding (Simone Lahbib), prendra la relève, pour offrir un vis-à-vis de caractère au psychologue.

Wire in the blood doit une partie de son attrait aux affaires qu'elle traite. Jamais avare de mises en scène macabres et de détails sanguinolents, sans jamais pour autant verser dans la surenchère, la série nous immerge dans une ambiance très sombre, parfois glauque et souvent glaçante. Elle donne l'impression de passer de l'autre côté du miroir des apparences pour étudier la face obscure de la nature humaine. Mais cette abondance de détails s'inscrit toujours dans une recherche de réalisme et d'authenticité, souvent perceptible, qui confère une dimension supplémentaire à la série, crédibilisant ses intrigues. Les enquêtes sont d'ailleurs généralement très fouillées, tout en restant globalement classiques. Bref, on est aisément happé par cette atmosphère de polar noir, très bien retranscrite, où l'on met à jour les modes de raisonnement de meurtriers ordinaires ou effroyables. Rarement une série aura aussi bien soigné cette approche psychologique du crime, sous un jour aussi rigoureusement scientifique ; ce qui la rend incontournable pour toute personne que Hannibal Lecter a fasciné au cinéma.

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Outre la qualité de ses enquêtes, ce qui confère son originalité à Wire in the blood, c'est le rapport de forces qui s'établit entre les deux personnages principaux. La série bouleverse la répartition classique des rôles dans ce genre de fiction. Carol, policière aux méthodes expéditives, toujours pragmatiques, se retrouve confronté à un homme plus proche de la figure du professeur Tournesol que du redresseur de torts que l'on a coutume de voir dans ce type d'association. Tony Hill a souvent un sens des réalités un brin distordu, que son entourage peine à comprendre. Sa vie sociale se résumerait presque, au départ, à ses visites quotidiennes à ses patients, des criminels enfermés dans un asile. Le décalage entre les deux personnages offre d'excellents échanges, entre brusque remise au point et exaspération teintée d'humour, suivant la situation. A mon sens, c'est avec Carol Jordan que l'alchimie fonctionne le mieux et que cet équilibre est parfaitement mis en place. Dotés de personnalités complexes et recherchées, avec ses forces et ses faiblesses, chacun des personnages se révèlent en plus attachant. Le téléspectateur retrouve donc ce duo d'enquêteurs avec beaucoup de plaisir au fil des enquêtes. (Hermione Norris jouera dans les trois premières saisons.)

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Bilan : Wire in the blood est une série policière sombre et intelligente, aux personnages bien loin des stéréotypes classiques de ce genre de fiction. Le duo principal brise ainsi les clichés traditionnels, lui conférant un équilibre original et une identité propre. Dotée d'intrigues fortes, c'est à travers la psychologie qu'elle nous immerge dans cet univers des serial killer. Les saisons étant courtes et les épisodes longs (1h30), son intensité n'a pas le temps de faiblir, tout en ayant l'occasion de bien construire ses intrigues.

Voici une série policière de référence qui devrait piquer l'intérêt du plus grand nombre.


NOTE : 8/10


La bande-annonce :


02/12/2009

(UK) Spooks (MI-5), series 8, épisode 5

Spooks continue sur la voie tracée par cette saison 8 : des ingrédients efficaces, présentés avec pas mal de précipitation, si bien qu'il manque ce petit plus, cet esprit particulier, que la série était parvenue à créer au cours de la saison précédente. Mais il faut bien avouer que les bouleversements de casting y sont pour beaucoup dans cet équilibre encore précaire, manquant d'homogénéité, qui s'est instauré au sein de notre équipe du MI-5.

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Ce cinquième épisode reprend immédiatement après la conclusion marquante du précédent. Celui qui coordonnait les activités de la CIA en Angleterre est passé par-dessus la balustrade dans leur QG, s'écrasant quelques dizaines de mètres plus bas. Une question s'impose : suicide ou meurtre ? Si la CIA semble présenter la thèse du suicide, Sarah fournissant des prétextes, Harry nourrit des suspicions très différentes. Il avait eu une discussion peu avant son décès avec l'agent, concernant ses avancées dans l'enquête sur la fameuse réunion de Bâle. Les cartes sont encore plus brouillées lorsqu'un autre officiel américain meurt d'une crise cardiaque, après qu'on lui ait injecté un poison. Le MI-5 prend donc les choses en main pour se renseigner sur ces évènements ; en commençant par déterminer si ces morts sont liées ou non.

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A partir de cette situation de départ, l'épisode va décliner bonnes et moins bonnes idées. Tout d'abord, il se concentre cette fois sur Ros, toujours admirable de maîtrise, et nous donne l'occasion d'en apprendre un peu plus sur elle et sa formation, car nous rencontrons son mentor, Jack Coleville, qui l'a recrutée. Cela offre un nouvel éclairage très enrichissant sur le personnage. Malheureusement cette introduction du mentor se révèle liée à la trame principale des divers agents officiels qui sont tués. Si bien que le scénario transforme tous ces éléments en toutélié quelque peu artificiel qui ne convainc pas pleinement. Approfondir Ros était un objectif louable, très réussi, mais cela aurait été mieux servi par un scénario plus équilibré et moins précité. L'intrigue est insuffisamment travaillée, si bien que même si on suit Ros avec intérêt, il est difficile pour le téléspectateur de s'immerger dans cette histoire où les scénaristes ne prennent pas le temps d'humaniser réellement Coleville, figure prétexte pour s'intéresser à Ros et constituant un effet dilatoire parfait pour retarder l'explosion d'évènements liés à Bâle et au nouvel ordre mondial. Ros aurait mérité mieux.

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Pour autant, l'épisode ne traîne pas sur ce grand fil rouge de la saison. En effet, comme la mort du responsable de la CIA n'est initialement pas distinguée des autres décès, le MI-5 s'intéresse de près aux évènements qui se sont produits dans leur QG ; d'autant que Harry révèle ce qu'il sait pour le moment à Ros et Lucas. Passage qui peut d'ailleurs amener à s'interroger sur la continuité avec l'épisode précédent, où Lucas avait entendu explicitement parlé de Bâle, mais où Harry avait tout nié en bloc... Si cette mort est belle et bien liée à cette conspiration, cela ne devrait-il pas amener à Harry à être doublement suspicieux ? Reste que si Sarah tente bien, timidement et de manière peu convaincante, de les orienter vers la thèse du suicide d'un agent qui était véreux et sur le point de tomber, Harry n'y croit pas une seule seconde. Finalement assez aisément, grâce à une Ruth toujours très débrouillarde, ils apprennent que parmi les personnes qui se trouvaient dans l'immeuble à l'heure de la mort du responsable, figure Sarah... Révéler aussi rapidement son double jeu au MI-5 est un choix scénaristique qui s'inscrit dans l'optique de cette saison : les choses évoluent très rapidement -parfois de manière un peu précipitée. Comme rien n'est figé, les rapports de force changent vite et cela permet de ne pas laisser une situation pourrir. Cette fois, pour la scène finale (absolument surréaliste d'ailleurs, avec Lucas qui informe Ros au téléphone des mensonges de Sarah, tandis qu'en arrière-plan, cette dernière dort dans le lit...), c'est Lucas qui a les atouts en main. Pour autant, cet épisode souligne aussi les faiblesses de ce fil rouge : Sarah manque singulièrement d'envergure pour être une taupe crédible. Et cette histoire peine toujours à décoller pleinement.

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Bilan : Ce cinquième épisode, centré que Ros, est un bel hommage mérité pour ce personnage d'une solidité et d'une maîtrise à toute épreuve. Cependant, il est dommage que l'intrigue, insuffisamment travaillée, donne parfois l'impression d'être quelque peu téléphonée et artificielle ; ce qui plombe la portée du récit. Mais l'ensemble reste efficace et prenant ; la situation relative à la conspiration mondiale continue d'évoluer en attendant une future confrontation. En somme, beaucoup de choses très bien ; mais des maladresses scénaristiques à corriger.


NOTE : 7,5/10

23/11/2009

(UK) Spooks (MI-5), series 8, épisode 4

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Si la bande-annonce avait laissé penser que l'on aurait droit à un épisode d'action, il se concentra en réalité sur ses personnages et leurs relations. Ce qui n'est pas plus mal après un éprouvant début de saison. La question de la confiance -ou de son absence- est au coeur des enjeux, tandis que le fil rouge relatif au complot mondial pour bouleverser l'ordre actuel prend peu à peu de l'ampleur dans la narration, et que ses ramifications se dévoilent.
 
Alors que Ros est occupée à regagner un équilibre précaire, ressassant sans fin les évènements tragiques de l'épisode précédent, ce sont les nerfs de Lucas qui sont mis à rude épreuve dans l'intrigue du jour. Le responsable des interrogatoires (comprendre : tortures) du FSB est arrivé en Angleterre. Il prend contact avec Lucas, qu'il a passé quatre années à torturer durant son passage dans les prisons russes ; mais avec lequel il a surtout lié une étrange relation, déclinaison nuancée du syndrome de Stockholm. Le Russe a récemment interrogé un extrémiste soudanais qui l'a informé d'une attaque terroriste en préparation, dans Londres. Y voyant une possibilité de monnayer cette information, l'officier propose un marché à Lucas : le lieu prévu de l'attaque contre un passeport britannique et un million de livres.
 
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Comme je l'ai dit, l'enjeu de l'épisode ne réside pas dans le nouveau sauvetage in-extremis de Londres par le MI-5, mais plutôt dans la psychologie des personnages.

L'épisode s'intéresse tout d'abord aux rapports entre Lucas et son ancien tortionnaire, soulignant les séquelles psychologiques et le traumatisme qui demeurent chez l'agent du MI-5. Nous en avions déjà eu des aperçus ; mais cela permet aux scénaristes d'humaniser à nouveau Lucas, qui était apparu très froid depuis le début de la saison. Au-delà de ces recherches de domination réciproque, la force de cette storyline est symbolisée par le moment où les rapports de force s'inversent. Lorsque Lucas le convainc de lui donner les informations pour empêcher l'attentat, sur la seule foi d'une hypothétique "confiance" établie entre eux. Confiance chimérique, puisque Lucas l'abandonne juste après au FSB, venu rechercher son renégat. Certes, le Russe avait appuyé l'attaque terroriste une fois qu'il l'avait apprise, dans le but d'obtenir de l'argent du gouvernement britannique, mais il reste que ce fragile lien entre les deux officiers se rompt sur une étrange ambiguité.

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Par ailleurs, nous sommes encore une fois témoin, avec la scène d'ouverture, de la complicité rapidement reconstruite entre Harry et Ruth, les deux personnages interagissant comme si Ruth n'était jamais partie. Dans la même perspective, les scénaristes ré-introduisent un léger flirt entre le duo le plus emblématique du MI-5. Ils auront probablement besoin de ce lien pour survivre aux évènements qu'ils vont devoir affronter. Car Harry continue de creuser la question de la réunion qui a eu lieu en Suisse, entre notamment divers officiers de renseignements de l'Ouest, mais aussi Chinois. Il en informe même son vis-à-vis de la CIA. Mais qui dit membres des services secrets présents à cette réunion, implique logiquement l'existence de traîtres infiltrés au sein des différents services. Harry se montre d'une prudence à toute épreuve, n'informant personne hormis Ruth. Il va même jusqu'à mentir à Lucas en le regardant droit dans les yeux, lorsque ce dernier évoque ce complot mondial dont lui a parlé l'interrogateur du FSB. Signe supplémentaire de la confiance limitée de Harry en son subordonné, quelque chose de brisé qui n'a jamais été vraiment réparé depuis la saison dernière. Mais si Harry fait preuve d'une sage paranoïa, raison de sa longévité à son poste, son confrère américain se montre moins mesuré, prompt à nourrir des soupçons contre les agents britanniques, mais en oubliant ses propres services. Ce qui lui sera fatal.

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Car la confiance est un vain mot. Surtout dans le milieu du renseignement. Voici la morale de l'épisode. Sarah aura passé l'épisode à osciller entre les rôles de petite amie compréhensive, agent de la CIA obéissant et... finalement... sa vraie nature : un traître infiltré qui est impliqué dans ce vaste complot pour bouleverser l'ordre mondial. La scène de fin, où elle tue brutalement son supérieur qui a eu l'inconscience de l'informer qu'il tenait une piste, vient comme une surprise. Du pur Spooks. Sobre et violent. Voilà qui rehausse mon intérêt pour cette blonde Américaine, nous promettant d'intéressants doubles jeux à l'avenir. Les manipulations sont toujours plus attractives à l'écran que les romances caricaturales.

Enfin, au milieu de tout cela, traversant l'épisode vaillamment et avec professionnalisme, il y a Ros, encore profondément marquée par la tragédie de l'épisode précédent. Elle n'en dort plus, tandis que l'image de Jo la hante. Entre elle et Lucas, le MI-5 dispose de deux agents de terrain quand même relativement brisés psychologiquement. A voir s'ils pourront tenir toute la saison dans cet équilibre précaire.

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Bilan : Un épisode plus posé que les précédents, où le fil rouge de la saison commence à apparaître et à venir nourrir la paranoïa du téléspectateur, comme aux plus grandes heures de la série. La méfiance instinctive de nos espions se renforce ; même entre collègues, la confiance n'est pas automatiquement de mise. Il faudra choisir ses confidents avec beaucoup de prudence. Sinon, l'intrigue de l'épisode est efficace. S'intéressant plus aux réactions des personnages et à la façon dont ils intéragissent qu'à l'enjeu de l'attentat en lui-même, dont on ne doute jamais vraiment qu'ils parviendront à le stopper.

Cet épisode pose en tout cas de solides jalons pour la suite de la saison. Spooks est définitivement reparti sur de bons rails. A suivre !


NOTE : 8,5/10